Inde et chiens errants : enjeux de santé publique, tradition et controverse judiciaire

Monde

Contexte et portée du dossier

La Cour suprême a été saisie de l’affaire à la suite du décès, fin juillet, d’une fillette de six ans mordue par un chien de rue à New Delhi. Cette décision est largement discutée dans une partie de la population.

Parcours d’une bénévole et cadre associatif

Aarthi, bénévole pour l’ONG Friendicoes, œuvre dans un dispensaire situé à Gurgaon, en banlieue de New Delhi, où l’ONG recueille des chiens de rue, les vaccine, les soignent, les dressent et les proposent ensuite à l’adoption.

Selon elle, la culture indienne privilégie une cohabitation avec la nature et les chiens errants font partie du quotidien, tout comme les vaches et les chats.

Elle précise aussi, lors d’une émission de La Matinale de RTS, que le chien est perçu comme sacré dans l’hindouisme en raison de son lien avec le dieu Shiva; elle évoque aussi, dans le Mahabharata, un récit où l’attachement à son chien conditionne l’accès au paradis.

Vues divergentes sur la gestion des chiens errants

La décision de la Cour provoque un fort émoi parmi les défenseurs des animaux et au-delà. Le chef de l’opposition au Parlement, Rahul Gandhi, dénonce une mesure cruelle et affirme que les chiens de rue ont une âme et ne doivent pas être ignorés. Plusieurs avocats éminents ont également fait appel.

Des manifestations ont été signalées à New Delhi le 17 août 2025 en réaction à cette décision.

À l’opposé, les partisans de la décision soulignent les risques posés par une population canine non surveillée. Selon Ryan Lobo, directeur de la Fondation pour les peuples et les animaux, la région compte entre 60 et 100 millions de chiens errants, et leur mise hors protection pourrait les pousser à adopter un comportement proche de celui du loup.

Il décrit une série de problèmes, tels que morsures et agressivité, hurlements nocturnes perturbant le sommeil, transmission de maladies liées aux parasites présents dans leurs selles et leurs excréments, ainsi que des accidents de la route en milieu urbain. Pour lui, la principale menace pour la faune indienne ne réside pas dans la perte d’habitat mais dans les chiens errants.

Enjeux démographiques et capacités des villes

Les municipalités sont dépassées par la hausse de 22 % de la population canine en une décennie. Selon la Banque mondiale, le nombre de chiens errants pourrait atteindre le milliard d’ici 25 ans. Les villes peinent à ramasser les déchets dont se nourrissent les chiens et à mettre en œuvre des programmes de stérilisation.