Fedpol modifie sa politique sur la suppression de la mention de la couleur de peau dans les signalements

Suisse

Changement de directive chez Fedpol concernant la mention de la couleur de peau dans les signalements

Suite à une consultation informelle auprès de plusieurs polices cantonales, Fedpol a décidé de revoir sa position sur l’utilisation de la couleur de peau dans ses systèmes d’identification et de recherche. La décision n’a pas encore fait l’objet d’une consultation officielle, mais Miriam Knecht, porte-parole de l’Office fédéral de la police, a confirmé que cette évolution était en cours de mise en œuvre, déclarant à Keystone-ATS : « Cela va maintenant être fait ».

Une suppression progressive de la mention de la couleur de peau dans le système Ripol

Selon la nouvelle directive, la référence à la couleur de peau ne doit plus figurer dans le système de recherche Ripol. Toutefois, il est à noter que les cinq catégories de couleurs de peau jusqu’alors disponibles (« blanc », « noir », « rouge », « jaune » et « brun ») étaient peu utilisées en pratique. En effet, moins de 1 % des signalements enregistraient cette caractéristique, d’après Miriam Knecht.

Les descriptions alternatives considérées comme plus précises

Les indications telles que « asiatique », « slave » ou « méditerranéen » sont jugées plus expressives. Par ailleurs, d’autres détails physiques, notamment l’âge, la taille, la silhouette, la tenue vestimentaire ainsi que des particularités comme des tatouages, piercings ou cicatrices, sont aussi perçus comme plus pertinents pour l’identification.

Réactions et critiques face à la suppression de la mention de la couleur de peau

La décision de Fedpol a soulevé des réactions contrastées. Le parti libéral-radical (PLR) a qualifié cette mesure de « mauvaise blague » dans un communiqué, évoquant un glissement vers une idéologie du « politiquement correct » qui limiterait la capacité des polices cantonales à mentionner la carnation d’un suspect. Il annonce son intention de s’opposer par le biais d’une pétition et de démarches parlementaires. L’Union démocratique du centre (UDC) a également déposé une motion à ce sujet, précisément le jeudi suivant.

Réactions des autorités cantonales

Le canton de Berne a exprimé, par la voix de son directeur de la sécurité, Philipp Müller (PLR), une opposition certaine, reprochant à Fedpol d’avoir omis d’associer les autorités cantonales responsables de la sécurité intérieure. M. Müller a recommandé le réexamen de cette décision et l’ouverture d’un dialogue avec les cantons. Son homologue zurichois, Mario Fehr, a quant à lui jugé la directive « peu utile » et estimé qu’elle semblait motivée par des considérations politiques. Il a confirmé que la police cantonale continuerait d’utiliser le système Polis pour enregistrer des caractéristiques physiques, dont la couleur de peau, avec d’autres détails comme la couleur des cheveux ou la taille.

Une approche plus prudente à l’échelle cantonale

Les forces de l’ordre de Fribourg, Genève et Vaud ont indiqué attendre de voir comment sera appliquée cette directive de Fedpol, soulignant qu’une analyse approfondie serait nécessaire pour évaluer ses implications opérationnelles. La police cantonale neuchâteloise a précisé que son système informatique ne permettait pas la mention de la couleur de peau, ce qui explique qu’elle n’ait jamais utilisé cette information jusqu’à présent.

Ce changement dans la gestion des signalements intervient dans un contexte où la diversité et la précision dans la description des suspects restent des enjeux clés pour l’efficacité des enquêtes. La discussion autour de la suppression de la mention de la couleur de peau reflète également des débats plus larges sur la protection des données et la non-discrimination dans les procédures policières en Suisse.