Débats parlementaires sur la politique vis-à-vis d’Israël : absence de sanctions stricte face à la crise à Gaza

Suisse

Un vote contrasté sur la réponse politique à la crise humanitaire à Gaza

« Lors d’un débat exceptionnel consacré à la situation à Gaza, le Conseil national a adopté partiellement, par 113 voix contre 65 et 15 abstentions, une motion socialiste plaidant pour un ôt sans restriction à l’aide humanitaire. »

En revanche, le Parlement a rejeté plusieurs propositions préconisant des mesures plus concrètes contre Israël. Parmi elles : la reprise des sanctions de l’Union européenne contre les colonies israéliennes engagées dans des actes de violence, la suspension de l’accord commercial avec Israël, le marquage obligatoire des produits issus des colonies, la suspension immédiate de la coopération militaire, ainsi que la révocation des autorisations en vertu de la loi sur le matériel de guerre ou pour les biens à double usage.

Refus de durcir la politique en matière de sanctions contre Israël

De même, un autre texte des Vert-e-s, prévoyant la suspension de la coopération militaire avec Israël, a été rejeté par 129 voix contre 64.

Les intervenants dénoncent la crise humanitaire et appellent à l’action

Au début des débats, la présidente du Conseil national, Maja Riniker, a exprimé sa pensée pour toutes les personnes affectées par la situation : « Nos pensées accompagnent toutes celles et ceux impactés par ce conflit meurtrier. La souffrance des populations des deux côtés est immense. Il est nécessaire de rappeler les valeurs fondamentales que sont la paix, la dignité et l’humanité. »

Plusieurs orateurs ont mis en avant la gravité de la situation à Gaza. Fabian Molina (PS/ZH) a souligné que plus de 64 000 personnes y ont perdu la vie, dont un tiers d’enfants, ce qui représenterait en moyenne une classe de école par jour. Il a déploré que le Parlement ait refusé de consacrer une minute de silence en hommage aux victimes. Le député de Zurich a insisté sur la nécessité pour la Suisse d’augmenter la pression sur Israël et a rappelé que, pour lui, il pourrait un jour être nécessaire de justifier l’attitude à venir face aux générations futures. »

Concernant la continuité de la coopération avec des entreprises israéliennes, plusieurs intervenants ont souligné que la Suisse poursuit sa collaboration avec Elbit, une entreprise dont les armes sont également utilisées dans le contexte gazaoui. Nicolas Walder (Vert-e-s/GE) a critiqué cette relation, la qualifiant de choix politique qui pourrait rendre la Suisse complice.

De son côté, le Parti socialiste a déploré que l’absence d’action concrète représente une forme de passivité qui, selon eux, contribue à la perpération des crimes de guerre à Gaza.

Les réactions du gouvernement et le contexte parlementaire

Les ministres face aux questions sur la politique étrangère

Les ministres de l’EconomIe, Guy Parmelin, et de la Défense, Martin Pfister, ont contesté les demandes réclamant des sanctions plus sévères. Lors d’un débat à la tribune du National, Jean Tschopp (PS/VD) a questionné : « Combien de morts faut-il encore avant que le gouvernement prenne des mesures économiques plus fortes ? »

Les deux ministres ont réaffirmé que le Conseil fédéral condamne depuis plusieurs reprises les violations du droit international humanitaire et soutient l’apprentissage d’un cessez-le-feu. Guy Parmelin a expliqué que la situation est un « carnage » et que la Suisse continue de suivre de près les événements. Cependant, il a ajouté que la relance de sanctions contre les colons israéliens pourrait ouvrir un précédent limitant la marge de manoeuvre future du Conseil fédéral.

Le Parlement a aussi été informé que, bien que la Suisse n’ait pas d’accords d’armement avec Israël, elle entretient cependant des relations contractuelles avec certaines entreprises israéliennes. La suspension des achats en cours pourrait éventuellement compromettre la capacité de défense suisse, ont expliqué les ministres.

Position du Parlement sur la reconnaissance palestinienne

Le Conseil des Etats a rejeté, lundi, une proposition visant à reconnître la Palestine. Cependant, il a mandaté le Conseil fédéral pour qu’il exerce toute son influencet pour garantir le respect du droit humanitaire à Gaza. La question de la reconnaissance unilatérale de la Palestine n’a pas été tranchée lors de cette session.

Une mobilisation inflée par la crise humanitaire et les questions d’acteurs de la santé

Face à l’inertie politique, des médecins suisses ont décidé d’entamer une grève de la faim pour souligner leur déception face à l’absence d’actions concrètes en faveur de Gaza, comme rapporté lundi. Ce mouvement de protestation illustre l’urgent besoin d’une intervention plus ferme face à la crise humanitaire en cours.