Perrine Baron explore la mort avec humour et distance dans On ne badine pas avec la mort (Actes Sud, 2025)

Société

Une approche littéraire de la mort: distance et humour dans un recueil de micro-nouvelles

La mort est présentée comme une réalité universelle qui relie toutes les formes de vie, et qui nourrit rituels, imaginaires, superstitions et phobies. Perrine Baron, professeure de Lettres Modernes, aborde ce sujet avec une distance mesurée et une tonalité humoristique à travers des chapitres courts, presque des micro-nouvelles, dans un petit livre noir bordé d une touche de rose.

Le livre s ouvre sur une visite chez un thanatopracteur surnommé Anubis 2000, nom réel Alain, afin de s approcher de la frontière ténue entre les deux mondes. L introduction rappelle l’idée selon laquelle, après la mort, les ongles et les cheveux pourraient continuer à pousser. Cette observation nourrit la fascination pour l au-delà et ses fantasmes, et permet à l autrice d observer les gestes d’un métier à mi-chemin entre le boucher et le restaurateur, avec une distance quasi documentaire.

À partir de là, la promenade mortuaire se déploie par mille entrées: la couleur noire du deuil, associée à des traces historiques comme celles d Anne de Bretagne et puisant ses pigments dans la cochenille; les mystères de la kabbale, les enfers dans diverses cultures et des parallèles troublants avec des figures telles que Frankenstein; et des pratiques culturelles singulières, comme Madagascar où les morts sont sortis du linceul tous les sept ans pour être vêtus puis rangés.

La zombification est ensuite abordée sous un angle sociologique: une réalité décrite comme présente socialement en Haïti et liée à une emprise chimique sur une personne. L autrice souligne l usage de psychotropes, de plantes agissant sur le système nerveux et notamment la toxine contenue dans le poisson fugu.

Taphophobie et curiosités

Autour de la peur d être enterré vivant, la taphophobie occupe une place majeure. Le récit rappelle qu en France le certificat de décès n était officiel qu à partir de 1960 et évoque des dispositifs de sécurité d autrefois, comme des clochettes ou des cercueils munis de poignées de secours. L’autrice évoque aussi des anecdotes historiques et des hypothèses intrigantes, y compris une référence attribuée à Chopin et visant à éviter l enterrement prématuré.

Avec le rythme d’un one-woman show, Perrine Baron mêle anecdotes, hypothèses et bizarreries biologiques et historiques, offrant une lecture qui brouille les frontières entre vie et mort et invite peut-être à envisager la vie… en noir.

Perrine Baron, On ne badine pas avec la mort, Actes Sud, octobre 2025.