Pfister : l’armée suisse peut défendre la Suisse, mais n’assure pas une protection contre toutes les menaces – enjeux drones et budget armé

Suisse

Contexte et célébrations à Genève

À Genève, Martin Pfister était présent pour les 30 ans du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP), pour les 25 ans du Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF) et pour les activités du Centre international pour le déminage humanitaire (GICHD).

Lors de cet événement, le conseiller fédéral a rappelé que la sécurité moderne est plus large et plus complexe qu’auparavant et qu’elle nécessite une approche globale. Selon lui, ces trois institutions, soutenues par la Suisse, constituent des instruments cruciaux tant pour la sécurité internationale que pour l’image de la Confédération auprès d’organisations comme l’ONU ou l’OSCE.

Des capacités militaires encore perfectibles

Dans une interview accordée à RTS en marge de cette visite, le conseiller fédéral en charge du DDPS a estimé que l’armée suisse pouvait être améliorée et qu’elle n’était pas encore prête à protéger le pays contre toutes les menaces imaginables.

Il a affirmé que l’armée peut défendre la Suisse, mais qu’elle ne peut pas encore la protéger de toutes les menaces qu’on peut envisager.

Il a aussi évoqué les menaces liées aux drones russes, qui ont récemment franchi l’espace aérien polonais. Selon lui, il serait difficile de se défendre contre ces drones avec les moyens actuels; les armes spécifiques pour contrer les drones et les missiles longue portée manqueraient, et les systèmes indispensables ont été commandés mais ne sont pas encore livrés.

Menaces aériennes et systèmes à acquérir

La discussion a aussi porté sur le besoin d’un dispositif de défense aérienne adapté face à ces menaces, au-delà des solutions actuellement en commande.

Des moyens financiers sous tension

Sur le plan budgétaire, les coûts associés au F-35 alimentent le débat public, alors que le peuple suisse avait approuvé une enveloppe initiale d’environ 6 milliards de francs, susceptible d’évoluer vers 7 milliards ou plus.

Pfister a indiqué que le F-35 n’est pas nécessairement l’outil le mieux adapté pour contrer des drones peu coûteux et qu’un système de défense aérienne adéquat demeure indispensable.

Le Parlement a validé le budget de l’armée mais a refusé une rallonge d’un milliard. Selon lui, le peuple avait décidé des 6 milliards et c’est maintenant à la politique de décider des achats futurs. D’après ses propos, les décisions relatives à l’armement se prennent au niveau parlementaire, sans référendum de financement.

Au-delà du coût, l’armée a récemment dû gérer des défis, notamment l’achat de drones sensibles au froid et des problématiques de gestion chez RUAG. Pfister reconnaît ces difficultés tout en affirmant sa volonté de regagner la confiance de la politique et du public, et indiquant que son engagement vise à guider les achats militaires pour les années à venir.

Propos recueillis par Philippe Revaz. Adaptation web: Tristan Hertig.